Auteur : DIAGANA Fatimata - Date de soutenance : 12/05/2016
Introduction : De nombreuses études ont montré les impacts négatifs à moyen et à long terme des violences sur la santé des femmes, tant physique que psychologique. De plus, ces violences sont sous-dépistées. Il est donc primordial de repérer les situations de violences actuelles ou passées chez chaque patiente afin d’améliorer leur prise en charge, notamment médicale.
Objectif : Décrire la population de femmes subissant des violences (physiques, psychiques et verbales) en médecine générale repérées par une campagne de questionnement systématique. Décrire les perceptions des femmes du dépistage systématique par le médecin généraliste des violences subies : représentations du dépistage, perception du rôle du MG dans la prise en charge, expérience vécue d’une telle situation si elle existe.
Méthodes : Etude mixte complémentaire explicative QUAN (qual)
1- Analyse descriptive d’un échantillon de 216 femmes répondant à un questionnaire systématique réalisé au centre municipal de santé en consultation de médecine générale et en planification familiale ainsi que dans des cabinets de médecine générale de la ville d’Aubervilliers.
2- Analyse qualitative selon une théorisation ancrée. Recueil par entretiens individuels semi dirigés auprès de 13 femmes consultant au Centre Municipal de santé d’Aubervilliers. Analyse par méthode de comparaison constante avec respect des 3 étapes : codage ouvert, codage axial et construction d’un modèle explicatif.
Résultats : 1- 61% des femmes interrogées se sont déclarées victimes de violences. L’auteur de violences était dans la moitié des cas le conjoint ou l’ex conjoint. 16% des victimes ont signalé les violences subies. 75% des femmes victimes ont signalé les violences à leur médecin, qui était donc un interlocuteur privilégié des femmes victimes. 2- Les femmes ne parlaient pas spontanément des violences, car elles estimaient que les violences subies appartenaient à la vie privée, domaine qu’elles n’abordaient pas spontanément avec leur MG. Le questionnement des violences était accepté, sur le principe d’une relation de confiance avec le MG. Le dépistage systématique était à la fois vécu comme une violence et comme une opportunité de libérer la parole. Le repérage des victimes lors de situations de vulnérabilité, pour recontextualiser un symptôme inexpliqué par exemple, dans une prise en charge globale des femmes victimes, semblait être la solution proposée par les femmes au MG.
Conclusion : Les femmes victimes de violences étaient très nombreuses. La faible proportion de signalement spontané par les victimes de violences nécessitait un dépistage par une démarche active du MG, dans le cadre d’une approche centrée patient, en s’orientant plutôt vers la recherche des situations de vulnérabilité.