Auteur : ATTERE-KOUYA Meïdi - Date de soutenance : 24/10/2024
INTRODUCTION. Le culte de l’image est à son paroxysme, exacerbé par les médias, la publicité et les réseaux sociaux. Les personnes en obésité ne correspondent pas à l’idéal de
minceur plébiscité et sont fortement stigmatisées, notamment par les professions de santé, ce qui est préjudiciable au suivi médical et peut même dissuader de consulter. La chirurgie bariatrique s’est imposée comme une des solutions pour faire face aux complications sévères des obésités massives ; l’implication dans le parcours de soins pour les seuls bénéfices attendus ne suffit pas à saisir la totalité des intentions des personnes qui y ont recours. C’est pourquoi cette étude qualitative se propose d’explorer le vécu des personnes en obésité avant cette intervention, pour comprendre ce qui les amène à la chirurgie, et ce qu’elles en attendent.
MATÉRIAU ET MÉTHODES. Dans une approche phénoménologie interprétative, nous avons choisi les entretiens compréhensifs semi-dirigés et l’association verbale pour explorer le vécu individuel de façon complémentaire. 17 entretiens ont été menés dans le service de nutrition de la Pitié-Salpêtrière, auprès de la patientèle pour laquelle une intervention de chirurgie bariatrique était envisagée prochainement.
RÉSULTATS. L’hétérogénéité des parcours et des causes ayant conduit à la chirurgie bariatrique montre que le vécu de l’obésité est loin de se résumer à la seule question du poids ; les sujets n’y recourent pas pour peser moins lourd. Le regard porté sur leur corps par les sujets, leurs proches et les autres occupent une place centrale dans les
témoignages. La question des retrouvailles avec un corps perdu, synonyme de bien-être dans et avec son corps, parsème les entretiens. Si quelques craintes s’expriment quant à l’avenir, une certaine confiance est partagée quant aux résultats de la chirurgie mais il n’apparaît jamais de préoccupations quant aux risques opératoires ni sur l’astreinte du suivi. C’est dans un espace social bien plus que médical que le parcours est abordé.
DISCUSSION. Les individus optent pour la chirurgie bariatrique principalement en raison des comorbidités physiques, telles que les douleurs et les limitations fonctionnelles. Cette intervention est perçue comme une solution pour améliorer la qualité de vie et réduire les effets négatifs de l’obésité. La stigmatisation sociale, souvent intériorisée, joue probablement un rôle important dans la décision de se faire opérer. Les attentes envers la chirurgie varient. Beaucoup espèrent retrouver une normalité physique et émotionnelle, avec un renouveau de confiance en soi et d’autonomie. Certains voient la chirurgie comme un moyen de retrouver leur ancien corps et de se réintégrer dans un groupe social perçu comme normal. Les préoccupations majeures incluent la perte d’identité et les changements dans les relations sociales, tandis que les risques opératoires et le suivi postopératoire sont peu évoqués.
CONCLUSION. La chirurgie bariatrique est principalement motivée par le désir de soulager les comorbidités liées à l’obésité et de retrouver une forme de normalité et d’autonomie. Les attentes varient, de la quête d’une identité corporelle perdue à la résolution des limitations physiques. Malgré les espoirs placés dans la chirurgie, les défis psychologiques et la stigmatisation restent des enjeux majeurs. Le suivi médical et psychologique est essentiel pour une prise en charge complète, soulignant l’importance d’une approche intégrative pour adresser les aspects physiques et psychosociaux de l’obésité. Dans ce processus d’accompagnement on saisit les enjeux d’une relation de qualité entre les patient.es et les médecins, en particulier le médecin traitant.