Auteur : D'YTHURBIDE Marion - Date de soutenance : 23/09/2021
Le mot Humour vient du latin : humor signifiant humeur. Nombreux auteurs se sont essayés à définir l’humour mais selon Guy Bedos « vouloir définir l’humour c’est prendre le risque d’en manquer » ! L’humour serait une stratégie de communication utilisée de manière consciente ou non à divers desseins. Il est prouvé que l’humour crée un environnement favorable à l’apprentissage, réduit l’anxiété et le stress. De surcroit, il serait utilisé depuis la Grèce antique pour soigner des maladies.
Des études, menées en médecine, démontrent que l’humour est un moyen de communication avec les patients. En outre, il permet au médecin de rester humble et de conserver de l’empathie envers ses patients. Cependant, son utilisation n’est pas dénuée d’effets indésirables, il peut exclure certains patients et en discriminer d’autres.
Peu de travaux ont abordé le sujet de l’humour en consultation de médecine générale. Notre objectif était d’identifier les fonctions que revêt l’humour lorsqu’il est utilisé en consultation de médecine générale par le médecin ou par le patient.
Nous avons réalisé une étude qualitative observationnelle indirecte portant sur 27 vidéos de consultations de médecine générale à partir d’une banque contenant 302 vidéos de consultations de 13 médecins généralistes, constituée dans le cadre d’une thèse de médecine générale antérieure par Victor Guérand en 2016. Nous avons sélectionné de manière aléatoire 2 à 4 vidéos par médecin et inclues celles contenant des rires, des blagues, des traits d’humour, puis les avons transcrites mot à mot en tenant compte du langage para et non verbal. Nous avons analysé les transcriptions en s’inspirant de l’analyse de discours avec approche interactionniste et codé de façon longitudinale puis transversale les vidéos.
Notre étude a montré que l’humour peut avoir un bénéfice pour le patient, en lui permettant de prendre du recul vis-à-vis de la maladie, en surmontant les contraintes liées aux soins et à l’inquiétude, et en lui permettant d’obtenir des choses du médecin. L’humour est aussi bénéfique pour la relation médecin-patient et permet de créer de la complicité même en dehors de la relation médecin-malade stricto sensu. Du côté du médecin, l’humour lui permet de renforcer son engagement envers le patient : il peut être bienveillant et soutenant notamment en prenant soins des proches du patient et en s’appropriant son univers. Le médecin peut aussi grâce à l’humour responsabiliser le patient et l’examiner plus facilement.
L’humour existe entre chacun des acteurs de la consultation de médecine générale : le médecin, le patient et la maladie. Du côté du patient, l’utilisation du clown permet au patient de mettre à distance la maladie notamment grâce aux clowns professionnels dans les hôpitaux. L’humour est l’un des 31 mécanismes de défense du DSM IV, il permet de réduire l’anxiété et de se distancer psychologiquement de la mort.
Du côté du médecin, l’humour reste une arme-à double tranchant, plusieurs types d’humour ne sont pas retrouvés dans les vidéos comme l’ironie et l’humour noir. En effet plusieurs conditions sont nécessaires à l’utilisation de l’humour : être bienveillant, empathique, l’utiliser de préférence avec un patient connu et s’adapter à la culture et aux croyances du patient. Par ailleurs, le médecin doit savoir contrôler son rire, ce dernier pouvant être mal compris par le patient, même si le rire reste un moyen de communication universel avec le patient.